La notion de « sol » archéologique est souvent associée à une structuration anthropique d’un espace dit domestique se révélant par des structures visibles ou latentes, tels que foyer, pavement, mur ou cloison, vide, concentration, objet déplacés…associés à des vestiges techniques (e.g., industrie lithique et osseuse, colorant), alimentaires (restes osseux d’espèce-proies) voire d’objets à valeur symbolique. Un ‘sol’ représente une surface de faible épaisseur, complexe, contraint par une période d’occupation unique ou multiple, suivie par des processus sédimentaires et biologiques qui vont conserver, ou perturber, cette structuration. Plus on remonte dans les temps paléolithiques moins ces sols, et structures sont faciles à identifier et à lire, lorsqu’ils sont préservés. La grotte n°1 du Mas des caves à Lunel-Viel (Hérault, ou LV I) est un site daté de la fin du Pléistocène moyen. Sa morphologie (entrée relativement verticale débouchant dans une longue galerie horizontale) conditionne la mise en place de niveaux sédimentaires dans lesquels sont emballés les vestiges archéologiques et paléontologiques. Lors des fouilles anciennes (E. Bonifay, 1962-1982) plusieurs structures d’origines humaines ont été signalées (foyers, cuvettes, dallages et aménagements divers). Néanmoins, ces structures ont été discutées, leur origine anthropique ayant plutôt laissée la place à une origine sédimentaire. La reprise des fouilles (J.-Ph. Brugal, 2019-sq) a notamment pour objectif de vérifier l’origine anthropique de ces structures. Nous proposons de tester cette hypothèse en combinant des approches géoarchéologiques (géomorphologique, stratigraphique, sédimentologique), spatiales et taphonomiques. L’objectif de ce travail est de préciser si, à la lumière de ces nouvelles approches, ces structures sont attribuables à l’action de l’Homme et donc si les niveaux sur lesquels elles ont été découvertes peuvent être considérés comme des sols archéologiques. Il s’agit donc de présenter ici les premiers résultats de cette approche plurielle et multiscalaire, afin de participer au débat sur cette notion de “sol” préhistorique.