Les protocoles d’observation stratigraphique en archéologie de terrain ont comme origine principale les travaux des premiers préhistoriens du XIXe siècle, en même temps naturalistes et géologues, bénéficiant des concepts et des méthodes de la géologie alors récemment constituée. À la suite de ce premier legs de la géologie à l’archéologie, l’approche stratigraphique des archéologues, et plus généralement leurs concepts de description et d’analyse du terrain (c’est à dire du contexte des éléments observés et recueillis en fouille) ont évolué en divergeant d’avec les sciences de la terre, en raison de la spécificité des processus anthropiques (et non plus seulement des dynamiques naturelles) à l’œuvre. Divergence marquée par exemple par la notion de « sol d’occupation », concept d’analyse de terrain spécifiquement archéologique d’étude des traces d’activités des sociétés étudiées, élaboré (par A. Leroi-Gourhan) dès les années 1950, en rupture avec la vision stratigraphique verticale héritée de la géologie classique ; ou plus encore par la reformulation des concepts de la stratigraphie archéologique dans les années 1970 (par E. Harris). Cette évolution des concepts des archéologues n’a pas été seulement divergente, mais aussi buissonnante : à la différence de la terminologie des sciences de la Terre dont l’évolution est plus régulée et unifiée, les vocabulaires descriptifs du terrain en archéologie sont divers, reflétant différent types de terrain et différentes traditions de recherche, et ne sont pas toujours pleinement explicites et définis ; alors que leur importance intellectuelle est fondamentale car ils traduisent des informations de base nécessaire à la construction du discours de l’archéologue, des processus de formation des traces anthropique, jusqu’à l’interprétation événementielle, culturelle et sociale de ces processus, et aux temporalités qu’ils reflètent. Cette situation de diversité et de définitions floues n’est pas négative, car elle traduit de multiples expériences et savoir-faire empiriques qu’il serait dommage d’ignorer ; mais elle peut rendre la communication compliquée, entre fouilleurs, mais aussi entre fouilleurs et géo-archéologues. Alors que depuis une trentaine d’années le développement de la géoarchéologie matérialise en quelque sorte les retrouvailles des sciences de la Terre et de l’archéologie de terrain. La communication traitera de cet enjeu d’explicitation des concepts d’analyse de terrain employés par les fouilleurs, lié...