En contexte urbain, toute prospection du sous-sol traverse généralement des remblais. Du fait de leur complexité (organisation, stratigraphie, composition, origine…), ces niveaux à forte variabilité spatiale et diachronique interrogent quant à leur caractérisation et leur intégration dans les études paléoenvironnementales, archéologiques et historiques. Le projet « Tours, une île au Moyen Âge ? » (TUIMA, ART Univ. Tours) vise à préciser l’environnement de la ville de Tours à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque Moderne à partir des accumulations sédimentaires de la plaine alluviale Loire-Cher. Or, les nombreux travaux archéologiques réalisés dans cet espace témoignent de l’absence récurrente de dépôts naturels pour cette période et en particulier le Petit Âge Glaciaire (PAG). Dans le cadre du projet TUIMA, les recherches se sont concentrées sur les zones topographiquement les plus basses, susceptibles d’avoir conservé ces archives sédimentaires. Un des secteurs privilégiés est le ruau Sainte Anne. Ce chenal reliant autrefois la Loire au Cher, définitivement fermé à la fin du XVIIIe siècle puis comblé au XIXe s., a laissé place au jardin botanique de Tours. Un transect de cinq carottages (carottier à percussions Eijkelkamp), couplé à des mesures géophysiques (prospections géoradar et électrique), a été réalisé dans la partie sud du jardin, puis deux autres carottages dans sa partie médiane. Une description fine des unités lithologiques traversées jusqu’au substrat crétacé et un échantillonnage ont été réalisés. Les observations menées de longue date sur les dépôts sédimentaires de la plaine alluviale de Tours par les collègues de l’Inrap, et ceux réalisés à partir des carottages dans ce paléochenal, témoignent d’une confusion possible entre les niveaux naturels et les niveaux anthropiques postérieurs à l’Antiquité. Ainsi, de haut en bas, la succession suivante est observée : niveaux sombres silto-sableux à artéfacts, couches sableuses non structurées puis niveaux sableux ou silteux naturels. Qu’est-ce qui relève d’un remaniement en contexte urbain ? De remblais sensu stricto ? De niveaux naturels à artéfacts...