Lors d’une fouille, le sol archéologique est divisé en unités sur la base de différences identifiables avec nos sens, principalement la vue et le toucher (couleur, texture, résistance mécanique…). L’emploi de capteurs à main, d’utilisation simple, apporte un sixième sens qui permet d’observer des variations de propriétés magnétiques des matériaux. Des différences très significatives peuvent ainsi être révélées alors que nos sens naturels ne détectent que des variations ténues, pouvant passer inaperçues ou être considérées comme négligeables. Ces différences de propriétés magnétiques peuvent être liées à des matériaux d’origines différentes ou des transformations minéralogiques impliquant des changements d’état du fer in situ. Ces transformations minéralogiques, décrites par E. Le Borgne dans les années 1950-60, sont le fruit de processus pédogénétiques ou de thermoaltération associés à l’utilisation du feu. Trois contextes d’utilisation de susceptibilité et de viscosité magnétique seront présentés : (1) Les limites du fossé de la montagne couronnée de Fortuna Kappiri (Régina, Guyane française), creusé dans un horizon ferralitique et comblé par ce même matériau ne sont détectables que par les variations de résistance de la truelle. Une cartographie magnétique de la coupe réalisée perpendiculairement à l’axe du fossé révèle des limites nettes et des séquences de dépôts non détectées. Les enrichissements magnétiques de ces séquences de dépôts sont des marqueurs d’utilisation du feu pour maintenir cet espace ouvert produisant de la magnétite par thermoaltération de la goetite. (2) La géométrie des structures en terre crue du bâti d’une « maison des morts » du site mégalithique de Thiekène Boussoura (Sénégal) est confirmée par les différences de signature magnétique des différentes unités identifiées. Le profil pédologique naturel montre un enrichissement magnétique en profondeur. Ainsi, les différences de signature des unités archéologiques traduisent une profondeur d’origine des matériaux différente ou un apport plus lointain. (3) La couverture dunaire du site mésolithique de Port-Neuf (Hoedic, Morbihan, France) présente des variations ténues de couleur avec des passées légèrement plus sombres. Le levé magnétique montre des appauvrissements magnétiques de ces niveaux sombres, tout comme l’horizon superficiel du sol actuel, démontrant l’alternance de séquences dunaire/ paléosol. Dans les niveaux mésolithiques caractérisés par des niveaux plus argileux sous ...