Alors que les études dites « documentaires » ou « d’archives » deviennent quasi systématiques pour les sites médiévaux ou modernes fouillés en contexte préventif, la prescription d’études archéogéographiques reste relativement rare et réservée aux sites considérés comme exceptionnels du point de vue de la surface investiguée et/ou de leur importance historique. Le potentiel informatif des études archéogéographiques semble donc encore à démontrer, dans le cadre opérationnel ordinaire de l’archéologie préventive. Pourtant, les études de cas le montrent en Ile-de-France comme ailleurs : les opérations de compilation, spatialisation et confrontation des documentations planimétriques, archéologiques et écrites produisent – à des échelles différentes de celles de l’emprise fouillée – une masse d’informations inédites qui nourrissent l’interprétation archéologique du site, en le réinsérant dans l’histoire du territoire sur la longue durée. L’objectif de la communication n’est pas de lister les atouts de l’expertise archéogéographique lorsqu’elle est inscrite dans le projet d’intervention scientifique, mais d’aborder sa pratique concrète, en milieu rural et urbain, notamment sous l’angle des « temps » de l’étude – c’est-à-dire en amont / aval des diagnostics ou fouilles, et selon la durée évaluée/effective en jours/hommes. En contexte préventif, ces deux paramètres conditionnent fortement les problématiques abordées et les sources exploitées (notamment les actes médiévaux et modernes), qui elles-mêmes déterminent la résolution des informations et, par conséquent, la plus-value scientifique pour le responsable d’opération. Cette communication est envisagée comme un retour d’expérience et un bilan des collaborations entre archéologues et archéogéographes à partir de quelques dossiers* illustrant l’articulation possible entre les archives sédimentaires et archivistiques au sens large. Elle repose sur quinze ans de pratique de l’archéogéographie en Île-de-France, auprès de différents opérateurs d’archéologie préventive (Inrap et collectivités territoriales).