La famille, la vie privée sont des domaines qui ont connu des changements radicaux depuis plus de 50 ans. On peut en citer quelques-uns : pluralisation des formes devie privée, fragilisation de la vie conjugale, modification des rôles sexués au sein de la famille, flou sur l’entrée et la fin de la vie de couple, réduction de la fécondité, nouvelles formes familiales avec l’essor de ménages monoparentaux et recomposés. Ces évolutions sont des faits incontestables. Leur interprétation, en revanche, fait débat. La sociologie de la famille n'échappe pas au grand récit de l’effondrement des institutions. À vrai dire, ces perceptions durent depuis plus de deux siècles. Louis de Bonald au début du XIXe siècle ne s’indignait-il pas de la fin du pouvoir du père et du déclin de la famille après la Révolution française ? Au tournant du XXe siècle, Émile Durkheim ne notait-il pas lui-même la faiblesse d’une institution qui ne protège pas assez les individus, le conduisant à s’opposer au rétablissement du divorce par consentement mutuel ?