En 2020, un projet d’instauration d’une taxe sur le livre au Brésil (secteur qui avait été exempté jusqu’alors), porté par le ministère de l’Économie, s’est heurté aux milieux de l’édition dans le pays et a finalement été enterré par l’action des milieux évangéliques, éternels soutiens du gouvernement Bolsonaro. Dans un pays où la Bible reste l’un des livres les plus vendus et où les records de vente sont détenus par des maisons d’édition religieuses, il est évident que cela ne pouvait que représenter un objet de conflit entre éditeurs de textes religieux et le gouvernement. Au-delà de sa dimension anecdotique, ce fait interroge sur l’objet livre, qui pour aussi anodin et quotidien qu’il puisse paraître, n’en est pas moins stratégique. Cet objet peut être appréhendé dans sa matérialité, comme le fait Roger Chartier - en observant sa circulation, son stockage, ses ventes et achats, officielles ou clandestines -, mais aussi dans son contenu.