Faire de la politique dans les « mondes ruraux », est-ce faire de la politique autrement ? Cette question est redevenue d’actualité à partir des années 1990, quand la science politique a réinvesti ces territoires un peu délaissés. Ce ré-enchantement de la « ruralité » par la question politique s’est traduit par l’organisation de colloques, de journées d’études et la publication de travaux académiques qui ont permis de remettre en cause certaines « vérités » que l’on croyait acquises : la permanence d’une « société rurale », l’équivalence entre monde ruraux et mondes agricoles, la stabilité de liens de sociabilité forts entre habitants, les migrations choisies vers des lieux de vie agréables et accueillants (la « campagne », « l’arrière-pays »…), la forte participation des citoyens aux élections (en particulier municipales) du fait de l’interconnaissance entre habitants, de la proximité entre candidats/représentants et représentés et du caractère plus directement perceptible de l’action publique.