Les silences émaillent les relations familiales et les récits qui en sont en faits, qu’il s’agisse de tenir secret des « origines », de taire des violences intrafamiliales, de passer sous silence des épreuves douloureuses ou un passé familial jugé honteux, d’occulter des sentiments ou d’éviter des sujets potentiellement malaisant voire considérés comme « tabous ». Touchant au domaine du sensible, ces « non-dits » sont traditionnellement l’objet des experts du psychisme (psychiatres, psychologues, psychanalystes, etc.), à qui il revient de les débusquer, d’y mettre des mots et de faire advenir la parole. Alors que les sciences sociales ont déjà largement montré le poids des instances et des processus proprement sociaux qui définissent, régulent, légitiment et produisent les agencements intimes, l’indicible familial reste encore pour beaucoup extérieur à leurs frontières disciplinaires. N’auraient-elles rien à en dire ? Ce numéro invite anthropologues, sociologues, historiens, politistes, démographes, ou encore juristes à penser les frontières des dicibles familiaux.