En matière d’architecture, si l’on se fie aux traités inauguraux tels que ceux écrits par Vitruve et Alberti, le désir s’incarne dans l’expérience esthétique et la recherche d’une harmonie qui transcende la simple fonction utilitaire ou la rationalité constructive. Un édifice bien conçu incite le spectateur à désirer l’ordre et la vertu, contribuant ainsi à l’amélioration morale de la société. Au cours de l’histoire cependant, ce désir fondateur n’a eu de cesse de changer de forme. À l’austère sévérité de la Réforme s’oppose la volupté baroque. Face au « grand récit » des Modernes, l’ironie et l’humour postmoderne pèsent de tout leur poids. Aujourd’hui, le sentiment dominant de l’urgence climatique nous met en demeure d’agir paradoxalement avec « mesure » ; l’austérité sobre et frugale semble constituer une réponse immédiate, presque évidente, à l’insécurité de notre monde sous le signe de la catastrophe.